Doit-on limiter nos libertés pour libres ?
Doit-on limiter nos libertés pour libres ?
Cette question aux airs de classique dissertation de philo acquiert un sens tout particulier cette année, en lien avec le numérique.
Pour résumer, on sait désormais que :
de nombreuses technologies qui ont déferlé dans nos vies quotidiennes –notamment les réseaux sociaux mais pas que– ont un impact négatif sur la santé, notamment mentale.
qu’elles conditionnent notre liberté à travers un profilage de plus en plus sophistiqué et l’exploitation de nos biais cognitifs.
qu’elles sont utilisées à des fins de surveillance par des organismes privés et publics.
qu’elles participent à biaiser les débat public, à polariser la société, à déstabiliser les démocraties.
qu’on fait face à un grand problème de concentration de pouvoir dans l’industrie, qui annihile la concurrence, réduit les libertés individuelles et économiques.
que certaines technologies émergentes nous mettent face à de nombreux dangers existentiels pour l’humanité.
Alors, pour affronter les grands défis de la tech pour l’humanité, peut-on juste compter sur les libertés individuelles, l'éducation, l’incitation ou l’accompagnement ? Ou doit-on augmenter le pouvoir de la régulation ?
Autrement dit, pour ceux qui défendent la liberté comme une valeur fondamentale, peut-on restreindre les libertés individuelles (en l'occurrence, fixer des limites d'âge, temps de connexion, par plateforme, etc.) pour rendre les citoyens plus libres ?
Cela semble paradoxal mais c’est ce qu’on fait déjà (dans des États démocratiques) :
On oblige les enfants à aller à l'école.
On interdit les drogues.
On régule le tabac en le prohibant dans certains endroits et en augmentant le prix du paquet.
On ne laisse pas rentrer un ado dans un casino.
On n’a pas le droit de vendre ses reins même si on le veut et qu’on nous offre une coquette somme en échange.
Pourquoi ? Qu’est-ce qui justifie cette intrusion ?
➜ Parce qu'on est pas libre quand on ne sait ni lire ni écrire.
➜ Pour des questions de santé publique.
➜ Parce que ma liberté impacte celle des autres et il faut organiser leur coexistence.
➜ Parce que quand la dignité humaine est en jeu, ce que tu fais toi me concerne, et nous concerne tous.
Comme je le disais dans ce post récent (https://lnkd.in/dHrZm-Ph), mon point de vue a évolué sur la question:
Quand on est face à des technologies liberticides et nocives pour la santé, je crois qu'on doit accepter un niveau de régulation bien supérieur et notamment protéger activement au moins les mineurs.